Le 3 octobre était une date pointée dans mon agenda. À la page de ce jour était inscrit en grand : Visite au Palais royal – Audience privée avec le Roi. Le premier événement devait se dérouler avec tous les nouveaux officiers et, en ce qui concerne le seconde, le titre est assez explicite ! Après une présentation générale et une visite guidée qui m’a laissé une forte impression, le premier volet de cette journée exceptionnelle s’est clôturé par une réception. Nous avons eu ensuite l’honneur de pouvoir parler en groupe avec le Roi dans une atmosphère détendue. La photo de groupe officielle prise à la suite de cet échange inaugurait à mes yeux le second volet de cette journée inoubliable.
Un très aimable major, conseiller à la Maison militaire du Roi, m’a conduit jusqu’à l’entrée principale, celle à laquelle donne accès la grille d’honneur, autrement dit les colonnes derrière la porte dorée éclairée par les projecteurs au journal télévisé. C’est là qu’a commencé ma visite des appartements privés, menée d’un bon pas jusqu’à ce qu’un miroir s’ouvre soudain sur ma gauche au rez-de-chaussée. Ce miroir, côté extérieur, s’avérait en fait être une porte, côté intérieur. Le major m’a alors fait comprendre que je ne devais pas attendre dans l’antichambre mais que je pouvais directement passer par le miroir. De l’autre côté, j’ai été conduit vers un autre salon, dans lequel m’attendait l’officier d’ordonnance et où j’ai pu attendre quelques instants. Si mon niveau de stress était peu élevé à ce moment-là, ce fut grâce au major, qui a su détourner mon attention par sa conversation agréable et instructive.
Là encore, j’ai été accueilli par des personnes serviables, impeccables dans leurs costumes, dont j’ai appris le titre exact au cours de ma visite guidée : « huissier ». Il m’est également apparu avec évidence que le nombre d’huissiers augmente à mesure que l’on s’avance dans les appartements privés. Lorsque, précédé de l’officier d’ordonnance, je suis allé à la rencontre d’une poignée d’entre eux, j’avais déjà compris que je n’étais plus très loin du but.
Cependant, je ne m’attendais pas à ce que le Roi lui-même soit déjà dans le vestibule. La porte qui ouvre sur son bureau le cachait jusqu’au dernier moment et je m’attendais à devoir encore traverser quelques couloirs, portes à glace et autres salons avant de le voir. De plus, c’était la première fois que je portais la tenue de circonstance : chemise blanche, cravate noire et képi. C’est surtout à ce dernier que j’ai dû apprendre à m’habituer : avec mon cordon à gauche, me suis-je dit, ce serait mieux si je coinçais mon képi sous mon bras droit. Je me suis donc retrouvé face au Roi, à devoir lui serrer la main avec le même bras. Plutôt stressé et légèrement mal à l’aise, je venais à peine de me remettre de ce premier moment, quand un photographe a surgi derrière nous et nous a demandé de regarder vers lui un instant. Mon képi à nouveau sous le bras droit, j’hésitais maintenant quant à la pose à adopter : croiser les mains devant moi ou tenir les bras le long du corps ? Sourire pleinement ou afficher un sourire réservé ? Sans trop réfléchir, je me suis décidé pour l’option « sourire réservé » et pour les deux positions l’une après l’autre. Le résultat se trouve sur les médias sociaux du Palais royal.
Une fois à l’intérieur, on m’a proposé une boisson et, me posant sur un élégant siège d’époque, j’ai pu me plonger dans une agréable conversation. Franche, éblouissante et qui force le respect. Avec le temps, je serai sans aucun doute tenté d’ajouter d’autres adjectifs, plus grandioses encore, à mes souvenirs. Mais dans l’immédiat, je vais d’abord devoir traiter les dizaines de demandes de suivi sur Instagram qui affluaient déjà le jour même. Si ça, ce n’est pas de la motivation !
Jens Parisis (156 SSMW)
Foto © Koninklijk Paleis, Brussel/Palais Royal, Bruxelles/Königlicher Palast, Brüssel/Royal Palace, Brussels