Cela fait à peine quelque jours que l’École Royale Militaire s’est, en apparence, complètement arrêtée à cause de la pandémie actuelle. La majorité des élèves ont été renvoyés chez eux et le personnel travaille autant que possible depuis la maison. Ce jeudi, j’ai eu mon premier test « à distance ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que ni le corps enseignant ni la hiérarchie n’étaient prêts à de telles mesures. Pourtant, l’adaptation a été assez rapide et des solutions telles que des podcasts et travaux ont rapidement été mis en place. Et si l'on voit moins de monde dans les murs de l’école, elle poursuit de façon moderne sa mission de formation des futurs officiers.
Restant à l’ERM pendant la période de « confinement » annoncée mardi soir, je me rends compte à quel point tout est vide. Vendredi dernier, je ressentais les tensions présentes, que ce soit ici ou à la maison. Cependant, j’ai de plus en plus le sentiment que je m’adapte, comme le reste, à un nouveau style de vie pour une durée indéterminée. En général, les gens se sont calmés et vaquent à leurs occupations diverses.
Cet endroit clos qu’est l’ERM permet de se séparer du monde environnant, en décalage avec la réalité. Si je m’arrête quelques secondes, j’ai l’impression que le monde s’est figé, que le temps ne s’écoule plus en quelque sorte. Je suis consciente du déroulement des événements extérieurs mais il est évident que je les vis de façon distante, comme s’ils ne me touchaient pas. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé au niveau international lorsque l’Italie a pris des mesures drastiques, dont beaucoup en racontent l’horreur. Les réactions ont été diffuses, malgré la presse qui tentait en vain d’en avertir les autorités par leurs multiples articles.
Je n’avais plus de temps pour faire ce que je voulais et maintenant, j’ai « trop » de temps ; je ne sais plus quoi en faire. Cette désorientation soudaine commence déjà à s’estomper, il suffit de regarder autour de soi et l’on remarque qu’il y a tant d’opportunités et de choses à faire si l’on souhaite tirer profit des avantages de cette situation. C’est aussi l’occasion d’apprendre des choses et de se redécouvrir au fin fond de soi car l’on est forcé à mettre pause, à se poser des questions sur soi-même et la vie que l’on mène, un peu comme une sorte de « retraite spirituelle ».
Je m’interroge sur l’évolution de la situation dans les prochaines semaines, l’être humain est avant tout un être social et il est fort à parier que celui-ci ne peut pas vivre longtemps sans des contacts sociaux divers concrets et des relations profondes, autrement qu’au travers d’un écran. Cela me rappelle un livre que j’ai lu pendant mes secondaires « Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Michel Tournier qui retrace et questionne les origines de l’être humain (via le personnage connu Robinson Crusoé), ce qui le définit et donne du sens à son existence.
Adjt KBO Jade Damoisaux
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